A l’école nous enseignons des pratiques de jardinage et agricoles, écologiques, afin de respecter la vie. Engrais naturels issus du compost fabriqué sur place avec les déchets verts, fumier de mouton et paillage pour éviter l’évaporation et la minéralisation du sol…, construction d’un sol vivant, mais aussi, traitements phytosanitaires naturels quand ceci s’avère nécessaire.

Mais le choix des espèces botaniques, dans ce sens, est aussi de grande importance, et c’est bien pour ça que les espèces rustiques, de préférence méditerranéennes, sont privilégiées par leur plus faible gourmandise en eau. Et que dire des plantes natives du Maroc que nous produisons à la pépinière pour encourager des modèles de jardinage régénératif et adaptés aux conditions climatiques locales ! Un vrai trésor.

La façon d’irriger est également cruciale dans un entourage menacé par le stress hydrique, et dans ce but nous utilisons de façon raisonnée de l’eau de puit qui, étant quelque peu saumâtre par la proximité de l’estuaire du Bouregreg, est par la suite dessalée par un système d’osmose par inversion.
La biodiversité, non seulement végétale, mais aussi animale, est à son aise à travers les huit hectares du parc.
De ce fait, la biodiversité, non seulement végétale, mais aussi animale, est à son aise à travers les huit hectares du parc. Amphibiens, reptiles, oiseaux (beaucoup d’espèces d’oiseaux, dont certaines comme la faucon hobereau nichent parmi nous !) et bien d’autres encore.
Les insectes
Mais, arrêtons-nous un instant sur les insectes, ces merveilleux petits êtres invertébrés aux yeux composés, avec des antennes et des ailes parfois très jolies, dont 1.300.000 espèces ont été inventoriées et environ 10.000 nouvelles sont recensées annuellement. Ils représentent le 55 % de la biodiversité des espèces et 85 % de la biodiversité animale de la planète. On estime qu’il en existeraient entre 5 et 80 millions d’espèces. Une richesse invraisemblable, mais cependant très fragile (40% des insectes sont menacés d’extinction), que souvent les êtres humains rejettent, loin de l’apprécier et en admirer la beauté.

Il s’agit des animaux les plus anciens dans leur adaptation sur terre, et les premiers à avoir eu la capacité de voler et de se déplacer dans l’air ! Si certains, il est vrai, sont en claire concurrence avec les humains, comme les insectes ravageurs en agriculture, et d’autres -généralement proches des milieux anthropiques- sont vecteurs de maladies et de nuisance, une grande quantité parmi eux sont dotés de l’extraordinaire don de polliniser les végétaux cultivés par les humains, se transformant en leurs meilleurs alliés. Et ce, en particulier les hyménoptères (abeilles, guêpes, etc.), les diptères (moucherons), les coléoptères (scarabées) et les lépidoptères (papillons).
Les papillons, un petit joyau
Certainement, un des insectes plus colorés, fragiles et volatiles, c’est le cas de le dire, sont les papillons, qui dans le parc de l’école, sont les rois et représentent la joie printanière avec leur frétillement.

Après l’accouplement et la ponte d’œufs, naissent les chenilles, parfois magnifiques, comme c’est le cas du papillon monarque (Danaus plexippus) ou du Papilio machaon, lesquels, après se nourrir abondamment vont former la chrysalide qui donnera vie au nouveau papillon, complétant de la sorte le cycle de la métamorphose.
Certainement, un des insectes plus colorés, fragiles et volatiles, c’est le cas de le dire, sont les papillons, qui dans le parc de l’école, sont les rois et représentent la joie printanière avec leur frétillement.
Les papillons diurnes et noctures sont une des espèces animales et un des insectes les plus menacés au monde. Et ce, à cause du braconnage, la perte des leurs habitats naturels et l’usage de pesticides dans l’agriculture intensive. Ceci est très notable par exemple chez les papillons monarque, dont les zones d’hibernage forestières au Mexique diminuent de façon alarmante.
Cet extraordinaire papillon, qui réalise deux fois par an une migration sur une distance de 4023 kilomètres à travers le continent, entre ses zones d’été et d’hiver, a diminué de 23 à 72 % au cours des dix dernières années, selon l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Il est maintenant stable dans les régions côtières du Maroc, où il a été adopté (il n’est pas autochtone), et y constitue des colonies permanentes. Cependant, de même que le magnifique Iphiclides feisthamelii, antan très abondant, et propre à la région méditerranéenne, le papillon monarque et son cousin, le petit monarque (Danaus chrysippus) sont en régression également au Maroc.
A l’école nous prenons bien soin de favoriser la reproduction des monarques en semant et plantant chaque année sa plante nourrice : Asclepias curassavica. Nous faisons de même pour les Papilio machaon, qui adorent les fenouils, et d’autres espèces, qui se régalent, par exemple, avec le Limonium perezii, une plante à fleur mauve ornementale très abondante chez nous. Limonium est une des espèces préférées des papillons, en général. On y voit butiner des Vanessa cardui (sur la photo de garde), Vanessa atalanta, Pieris rapae, et beaucoup d’autres petits joyaux.
Texte et photos: Inés Elépuru